Il n’est pas rare que les parents d’enfants âgés d’entre 2 et 3 ans soient confrontés à une toute nouvelle pression de leur entourage (parfois, parmi tant d’autres!) quant aux attentes liées au développement de leur petit humain, plus précisément la fameuse transition des couches aux bobettes!
Plusieurs parents m’écrivent à ce propos: soit ils vivent du stress car ils ont l’impression que leur bébé ne devrait plus porter de couches à son âge, soit ils en vivent parce qu’ils sont tannés d’avoir à se justifier à leurs proches et amis concernant ce grand apprentissage qu’est celui de la propreté!

L’apprentissage de la propreté est d’abord influencé par une maturation du système nerveux qui lui permet de contrôler ses sphincters.
Il y a deux formes de sphincter : le sphincter anal (muscle de l’anus) et le sphincter vésical (muscle de la vessie). Le contrôle de chaque sphincter ne se développe pas tout à fait au même rythme, ce pourquoi l’apprentissage de la propreté est un processus progressif qui peut s’étirer sur plusieurs mois (voir années!). L’enfant maîtrisera habituellement le contrôle de ses sphincters d’abord de jour, puis éventuellement de nuit.
Il n’y a pas lieu de s’inquiéter si l’enfant n’a pas acquis cet apprentissage avant 4 ans. Progressivement, entre 18 mois et 4 ans, l’enfant développera l’habileté de faire ses besoins sur la toilette. Si votre enfant tarde à y arriver, il peut être intéressant de s’adresser à un professionnel de la santé pour écarter toute problématique, mais il faut se rappeler que ces âges sont des repères et que les enfants ne vont pas systématiquement y correspondre.
18-24 mois
sphincter anal
Les enfants ressentent mieux l’envie, mais plus souvent une fois que le besoin s’évacue. Ils expriment leur envie surtout une fois qu’elle est passée.
sphincter vésical
Le relâchement est assez rapide : l’enfant peut exprimer qu’il a envie, mais le temps est limité pour se rendre sur le pot ou la toilette.
22 à 24 mois
Certains enfants de cet âge semblent traverser une phase de régression ou les progrès qui avaient été faits ne semblent plus d’actualité. Ce changement peut être influencé par les parents qui mettent une certaine pression à l’enfant. L’enfant peut commencer à être conscient des attentes qu’on a envers lui, mais n’est pas en mesure d’y arriver physiquement.
2 ans
sphincter anal
L’enfant est meilleur pour ressentir son envie et l’exprimer. Il peut être capable de ne pas porter de couche durant la journée.
sphincter vésical
La capacité de rétention de l’enfant s’améliore, mais est irrégulière. Il est attendu que l’enfant ait des accidents dans la journée lorsqu’il ne met pas de couche.
3 ans
sphincter anal
L’enfant peut aller de lui-même sur le pot ou sur la toilette et démontre de l’intérêt pour ce qui se trouve dans la cuvette après l’évacuation. Il n’est pas rare qu’il veuille dire « bye-bye » avant de tirer la chasse.
Il est capable de ne pas évacuer ses besoins pendant la nuit.
sphincter vésical
L’enfant est capable de contrôler ses envies le jour jusqu’à ce qu’il soit sur le pot ou sur la toilette et est meilleur pour contrôler ses envies durant la nuit.
À noter que ce sont des repères; certains enfants manifesteront ces habiletés un peu plus tôt ou un peu plus tard que les âges indiqué.
Aller à la toilette : une habileté physique, cognitive et socioaffective
Jusqu’ici, j’ai beaucoup misé sur la place de la maturation des sphincters dans l’acquisition de ce jalon du développement. Toutefois, il importe aussi de savoir que l’apprentissage de la propreté implique aussi des capacités de motricité globale et de motricité fine qui permet à l’enfant de contrôler ses sphincters, mais aussi de se positionner adéquatement sur le pot ou la toilette au moment venu, notamment.
Sur le plan cognitif, l’enfant doit aussi être capable de comprendre quelques consignes simples. S’il ne peut comprendre ce qu’on s’attend de lui lorsqu’il doit aller sur le pot ou sur la toilette, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il manifeste les comportements nécessaires pour y parvenir.
Finalement, il faut aussi que l’enfant soit motivé et démontre le désir d’aller faire ses besoins de lui-même. En tant que parent, le fait d’adopter une attitude encourageante envers l’enfant en félicitant ses progrès sans lui mettre de pression est la meilleure façon de le sécuriser dans cet apprentissage.
Quand intervenir?
Comme mentionné, il importe de soutenir l’enfant dans son apprentissage de la propreté. On peut parfois avoir recours à des systèmes de motivation pour encourager l’enfant à se rappeler d’aller sur le pot ou la toilette et l’aider à associer ce moment à quelque chose de positif et d’agréable. On peut afficher un tableau sur lequel dessiner des bonhommes sourire à chaque fois que l’enfant pense à se rendre à la toilette, on peut décorer la salle de bain et on peut lui faire choisir ses propres sous-vêtements! Peu importe les techniques choisies, il ne faut pas avoir en tête que l’enfant doit être conditionné à devenir « propre » et qu’il faut l’entraîner à la propreté.
En guise de conclusion, j’ai envie de vous répéter que seuls les enfants seront les instigateurs de l’apprentissage de leur propreté et qu’avant qu’ils ne soient prêts, le parent n’aura aucun contrôle sur le contrôle de leurs sphincter!