« Qui va avoir fini son assiette le premier? », « qui va avoir mis son manteau le premier? » … ça te parle? Tous les jours tu regardes ta montre et tu essayes de faire accélérer la routine pour arriver à l’heure? Très jeunes, à la maison, à l’école, les enfants apprennent à travers ces phrases qu’il y a un gagnant et un perdant, que la victoire est plus importante. Quand tu joues à un jeu de société, que ton enfant perd et qu’il se fâche, là, son comportement t’exaspère! « Quel mauvais perdant cet enfant! ». Tu te questionnes. Que peux-tu faire, en tant que parent, pour l’aider à accepter la défaite?
En tout premier lieu, dis-toi bien que la capacité à accepter la défaite est un apprentissage sur le long terme. Avant 4 ou 5 ans, l’enfant se satisfait du simple plaisir de jouer. Il ne voit absolument pas pourquoi il ne pourrait pas changer les règles, en quoi cela aurait une répercussion sur le jeu, alors, perdre et l’accepter en plus, non mais quelle drôle d’idée!

Voici quelques pistes si tu veux accompagner ton enfant à accepter la défaite.
- Changer les vieilles habitudes. Finies les situations où les enfants sont comparés, mis en situation de compétition. Si ce n’est pas possible à l’école, tu peux y veiller à la maison et faire réfléchir ton enfant là-dessus. Comment se sent-il quand la maîtresse lui demande de se dépêcher pour finir son dessin le premier?
- Privilégier des jeux de coopération adaptés à l’âge de ton enfant. Il existe pleins de jeux coopératifs. Si ton enfant est compétitif, cela lui permettra d’apprendre à avoir du plaisir à jouer ensemble pour atteindre un même objectif, à s’entraider pour y arriver. Et au passage, ça pourrait aider à calmer l’anxiété de performance, ce qui n’est pas négligeable! Choisis également des jeux adaptés à l’âge de ton enfant pour qu’il ne soit pas confronté à une situation d’échec. S’il y a des différences d’âges dans les participants au jeu, expliques dès le départ que certains partent avec des facilités ou des difficultés en raison de leur âge.
- Accueillir les émotions de ton enfant. Quand ton enfant perd, il est fâché contre lui. Il veut si bien faire. Il n’arrive pas à faire la part des choses. Pour lui, perdre signifie qu’il est nul. La priorité est d’accueillir les émotions de ton enfant. Rappelles lui qu’il a le droit d’être frustré. Nommer et valider ce qu’il vit par des phrases comme « c’est frustrant quand ça ne se passe pas comme tu veux » ou « tu as le droit d’être fâché par contre, ça ne se fait pas de jeter les jouets », cela sera plus constructif qu’un « ce n’est pas grave » lâché avec un soupir d’exaspération.
- Valoriser le plaisir de participer. Le plus important à transmettre à ton enfant, c’est le plaisir de jouer, plus que celui de gagner à tout prix. Rappelles-le lui en disant pendant le jeu « j’aime ça quand on passe du temps ensemble » ou « j’aurai aimé gagner mais on s’est bien amusé ». Jouer ensemble permet de développer une complicité mais aussi ses qualités personnelles. L’enfant apprend beaucoup sur lui-même en mettant en place des astuces, en faisant des blagues …
- Montrer l’exemple en tant que parent. Comment réagis-tu, toi, en tant qu’adulte, quand tu es confronté à l’échec? Acceptes-tu la défaite ou bien ça vient te chercher et te questionner sur ta propre valeur? C’est le temps de faire une petite introspection. Être parent, c’est s’élever avec son enfant!
Ce n’est pas du jour au lendemain que ton enfant arrêtera de bouder quand il aura perdu à un jeu. L’accompagner dans cet apprentissage de la défaite prendra du temps. L’idée n’est pas de le confronter en permanence à une situation d’échec car il perdrait toute motivation. Mais ce n’est pas non plus faire exprès de le laisser gagner à chaque fois, ce qui lui donnerait l’illusion d’être « tout puissant ».
Adulte ou enfant, on apprend beaucoup d’une situation où l’on est confronté à l’échec et c’est aussi à partir de là que l’on bâtit son estime de soi. Échouer, c’est juste une étape dans sa propre évolution. Ce n’est pas un jugement de valeur. Avec le temps, ton enfant apprendra qu’on ne peut pas toujours être le meilleur, que chacun a ses forces, que la défaite n’est pas un signe d’infériorité, tout comme la victoire n’est pas une signe de supériorité. À garder en mémoire tout au long de sa vie!